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Les plateformes de coordination et d’orientation : nouvel outil pour le repérage et l’intervention précoces

Médico-social

Entretien avec Laurence Lemercier, coordinatrice de la PCO TND 35, portée juridiquement par l’ARASS

QUELLE EST L’ORGANISATION ET LE RÔLE DE LA PCO TND 35 ?
La PCO TND 35 est portée par un comité inter-CAMSP du bassin rennais, composé de trois CAMSP polyvalents (1). Lors de l’appel à manifestation d’intérêt publié par l’agence régionale de santé, ce comité, ayant passé convention en janvier 2019, a répondu avec le soutien du centre hospitalier Guillaume Régnier de Rennes en tant que partenaire associé. La PCO vise à lever rapidement tout doute sur un écart inhabituel de développement chez un enfant, à favoriser l’établissement d’un diagnostic fonctionnel et ainsi éviter «l’errance-diagnostic» des familles, et enfin à intervenir intensément et précocement sans attendre la stabilisation d’un diagnostic. L’accès à des bilans de santé est alors accéléré et l’articulation entre les professionnels est favorisée. Si besoin, la plateforme peut solliciter la deuxième ligne de soins (CAMSP, CMPP, CMP, maison de santé pluriprofessionnelle coordonnée par un médecin) pour effectuer un diagnostic simple, notamment dans le champ des TSA, compétence qui leur est reconnue depuis le troisième plan autisme. La PCO ne réalise pas de diagnostic en son sein, mais elle les facilite grâce à la mise en réseau des différents professionnels pour créer une coordination cohérente entre eux, et ce, en lien avec la famille de l’enfant.

QUELLES ACTIONS DÉPLOYEZ-VOUS ?
Premièrement, la PCO a un rôle de sensibilisation des personnes pré-sentes auprès de l’enfant. Un important travail de communication a été engagé auprès des acteurs intervenant au quotidien (crèches, établissements ou services de protection de l’enfance, professionnels libéraux paramédicaux, etc.). Il est à poursuivre auprès des «adresseurs», principalement les médecins généralistes. Pour les premiers, l’objectif est de favoriser une montée en compétences concernant le développement de l’enfant et le repérage de troubles. Par leur proximité avec les parents, ils pourront les inviter à consulter leur médecin. Celui-ci, via le livret de repérage (2), renseignera lors de la consultation le feuillet de prescription des soins et, avec l’accord des parents, adressera l’enfant à la PCO. Suite à une commission médicale et selon les besoins identifiés, différents types de parcours pourront être proposés à l’enfant : le parcours externe : des professionnels libéraux, ayant contractualisé avec la plateforme, sont sollicités. L’enfant et sa famille bénéficient d’un nouveau droit : le forfait d’interventions précoces qui finance pendant un an le re-cours à des professionnels non conventionnés (psychologue, ergothérapeute, psychomotricien); le parcours interne : l’enfant est orienté vers une structure de deuxième ligne de soins qui a signé la convention constitutive de la PCO.

Malheureusement, dans l’attente qu’une place se libère, le libéral est régulièrement sollicité; le parcours mixte : une structure de seconde ligne accompagne l’enfant avec un appui du libéral, en début de parcours de soins, car elle ne possède pas toutes les compétences en interne pour ré-pondre à l’ensemble des besoins de l’enfant. L’intervention de nombreux professionnels nécessite une coordination médicale. Afin que l’enfant ne su-bisse pas de ruptures dans son par-cours de soins, elle relève du «médecin-adresseur». Il devra, entre autres, organiser une synthèse pluriprofessionnelle dans un délai maximum de six mois après le début du parcours de soins, à laquelle les parents sont associés.

AVEZ-VOUS RENCONTRÉ DES DIFFICULTÉS DANS LE DÉPLOIEMENT DE LA PCO?
Le manque d’offre sur le territoire, tant chez les professionnels libéraux que dans les structures de seconde ligne, est un réel frein. Afin de permettre une continuité des parcours de soins à l’issue de la PCO, il est attendu un renforcement des moyens des CAMSP, CMP et CMPP. L’objectif de proposer une prise en charge au plus près du domicile de l’enfant est parfois difficile à atteindre. Elle est pourtant essentielle pour faciliter l’accès aux soins, d’au-tant plus que les frais de transports ne sont pas pris en charge. Par ailleurs, la coordination n’est pas valorisée pour tous les professionnels libéraux (orthophoniste, kinésithérapeute, médecin, etc.) comme un temps de travail, et n’est donc pas financée, ce qui peut en-traîner des difficultés dans sa mise en œuvre ou pour conventionner avec eux. La PCO reste un outil intéressant pour le repérage et l’intervention précoce et la coordination autour de l’enfant. Elle participe à l’organisation de la gradation des soins en trois lignes souhaitée par l’agence régionale de santé : les soins primaires, les soins secondaires et les centres d’expertise et de référence. Elle doit permettre à l’avenir une meilleure orientation vers ces trois lignes de soins, dès le repérage d’un signe inhabituel de développement d’un jeune enfant. Dès à présent, elle répond à une forte demande et contribue à développer une collaboration entre tous les secteurs de l’enfance (médical, médico-social, social, scolaire, etc.).

1 Le CAMSP Longs Champs géré par l’ARASS, le CAMSP du CHU de Rennes et le CAMSP Pitt’Ocha géré par les Pep Bretill’Armor. / 2 Livret «détecter les signes d’un développement inhabituel chez les enfants de moins de 7 ans».