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« En chantier » : exemple d’un réseau partenarial au service des jeunes

Vulnérabilités et prévention

De nombreux partenariats entre la protection de l’enfance et l’insertion s’inscrivent dans les territoires dans l’esprit de l’accord-cadre relatif à l’insertion des jeunes relevant de l’aide sociale à l’enfance, signé par Adrien Taquet, secrétaire d’Etat à l’Enfance et aux Familles, Brigitte Klinkert, ministre déléguée à l’Insertion, l’UNML, l’UNHAJ et la CNAPE. En Provence-Alpes-Côte d’Azur, le pilotage et l’animation de la DREETS permettent un partage d’initiatives et une capitalisation des bonnes pratiques entre les opérateurs de la région grâce à des rencontres régulières et une plateforme numérique.

REPÉRER, MOBILISER ET ACCOMPAGNER LES JEUNES NEET
Pour poursuivre son engagement au sein du dispositif AD’MILO porté par la mission locale des Alpes-de-Haute-Provence en 2019 et 2020, l’ADSEA 04 a déployé « En chantier ». Cette action répond à l’appel à projet « Repérer et mobiliser les publics invisibles et en priorité les plus jeunes d’entre eux » lancé dans le cadre du plan d’investissement dans les compétences et publié par la DREETS de Provence-Alpes-Côte d’Azur.

« En chantier » vise à repérer, mobiliser et accompagner les jeunes NEET de 16 à 29 ans dans les Alpes-de-Haute-Provence et prioritairement en zones rurales. Peu mobiles, ils sont en rupture scolaire ou éloignés du service public de l’emploi et de l’insertion. Certains sont identifiés par les acteurs de l’accompagnement, de l’insertion et de l’emploi mais n’entrent dans aucun dispositif (mission locale, Pôle emploi, Cap emploi). Parallèlement, ils peuvent bénéficier d’un accompagnement social ou éducatif.

Dispositif à visée préventive, « En chantier » met l’accent sur les plus jeunes afin d’éviter les décrochages et de les remobiliser le plus tôt possible.Les freins périphériques qu’ils rencontrent peuvent être levés très rapidement, voire être évités. Afin d’y parvenir, des partenariats privilégiés sont tissés avec la mission de lutte contre le décrochage scolaire et les plateformes de suivi et d’appui aux décrocheurs. D’ici à octobre 2023, son objectif est d’intervenir auprès d’une centaine de jeunes, et de tendre, a minima, vers une orientation et une remobilisation de 80 % d’entre eux.

ALLER VERS, AVEC L’APPUI DES ACTEURS DU SPORT ET DE LA CULTURE
A l’instar de la prévention spécialisée dont est issu le dispositif, l’équipe, composée d’un éducateur sportif et d’une conseillère en insertion professionnelle en cours de formation, va vers les jeunes dans les lieux qu’ils fréquentent au quotidien.

Des partenariats sont noués avec les acteurs locaux notamment du sport et de la culture (centres sociaux, culturels, théâtres, clubs sportifs, etc.) afin d’accrocher les jeunes et de les accompagner autrement. Des actions intermédiaires favorisant leur mobilisation sont ainsi proposées pour travailler sur les freins et la motivation de chacun.

Les zones rurales du département sont ralliées par le véhicule mis à la disposition de l’équipe qui permet également de transporter les jeunes. Il sera au cœur du premier chantier éducatif proposé aux jeunes pour le « customiser » et le rendre visible, connu et reconnu par la population du territoire. La présence régulière des professionnels dans les lieux où évoluent les jeunes leur permet de créer une relation de confiance afin de les amener à s’inscrire dans les chantiers éducatifs et in fine dans le droit commun.

ORIENTER VERS LE DROIT COMMUN
Tout au long de l’accompagnement, l’équipe est en proximité avec le jeune afin d’identifier les difficultés et fragilités qui l’empêchent d’accéder aux dispositifs de droit commun. Des temps d’entretien pour porter une réflexion et un travail sur son projet de vie lui sont proposés, en parallèle d’actions collectives du champ de l’insertion, de la recherche d’emploi et du développement des compétences sociales et professionnelles. Enfin, il peut bénéficier d’un accompagnement personnel, notamment concernant les démarches administratives.

Suite à la période d’accroche avec le jeune qui n’est pas circonscrite dans le temps, l’équipe peut lui proposer un chantier éducatif. Il s’agit du support principal de l’accompagnement qui a d’ailleurs donné son nom au dispositif. Environ 50 % des jeunes accompagnés y auront accès. Pendant une semaine, trois à quatre jeunes seront réunis autour d’un chantier avec le statut de salarié et bénéficieront d’une rémunération équivalente au SMIC. A titre d’exemple, des partenariats avec des entreprises privées et des institutions locales permettent de réaliser des travaux d’embellissement des transformateurs électriques qui deviennent des supports aux chantiers. Les partenaires, au premier rang desquels la mission locale, sont invités à se rendre sur les chantiers afin de rencontrer et partager un temps avec les jeunes. Cette pratique vise à créer un lien entre le jeune et les dispositifs de droit commun dans un cadre informel, différent des guichets habituels. L’enjeu est de réunir les conditions nécessaires à une accroche avec les dispositifs de droit commun pour un public qui les méconnait, voire les rejette.

De par l’accompagnement proposé, « En chantier » vise à être un appui temporaire pour le jeune et n’a pas vocation à s’installer dans le temps. Il est un relais avec les acteurs de l’insertion professionnelle. La durée de l’accompagnement sera déterminée par l’adhésion du jeune au droit commun.

Par un travail partenarial et interdisciplinaire, ce dispositif permet de remobiliser les jeunes et de les accompagner vers une insertion professionnelle, clé de voute de leur émancipation. Il est un exemple de bonne pratique partenariale à valoriser et à développer afin que chaque jeune, même le plus éloigné de l’emploi, puisse être accompagné vers le droit commun.