Négligences, violences psychologiques, physiques ou sexuelles… À la maison, à l’école ou ailleurs, trop d’enfants subissent encore des violences en silence. Pour y remédier, le gouvernement lance une nouvelle campagne nationale de lutte contre les violences faites aux enfants autour du 119.
Son message est clair : face aux violences faites aux enfants, même en cas de doute, chacun a une responsabilité et peut repérer, réagir, alerter en appelant le 119 – Allô enfance en danger (gratuit, confidentiel et disponible 24h/24, 7j/7) ou en utilisant le chat en ligne.
Au cœur de cette campagne, plusieurs formats – un film, deux spots audios, de l’affichage urbain, des contenus web et réseaux sociaux – mettent en scène des situations du quotidien où des adultes s’interrogent face à un enfant qui ne va pas bien. Chacun, à sa manière, donne à voir ou à entendre ce moment de bascule où le doute surgit, et où la question de l’action ou de l’inaction se pose, afin d’inciter à contacter le 119 pour être accompagné et protéger les enfants.
Fidèle à son combat pour la protection de l’enfance, la CNAPE soutient activement cette campagne gouvernementale, qu’elle a contribué à bâtir au sein du GIP France Enfance Protégée. Par ailleurs, la fédération agit chaque année pour faire connaître le numéro d’appel 119, dans le cadre du Tournoi des Défenseurs de l’enfance, organisé avec la Ligue de Football Professionnel, ou via des campagnes de sensibilisation portées en propre, comme par exemple, la planche de bande dessinée Spirou.
En novembre 2021, la CNAPE avait ainsi déjà marqué les esprits avec une première campagne d’ampleur nationale, appelant chaque citoyen à composer le 119 dès qu’un enfant était en situation de danger. Cinq illustrateurs renommés – Alfred, Ruben Gérard, Shannon Honniball, Stéphane Levallois et Nob – avaient prêté leur talent à cette initiative, sous la direction artistique d’Éric Esculier, de Publicis Conseil. Une deuxième campagne en 2025, soutenue financièrement par Les Pétancoeurs, associe désormais Bomper Studio, le studio d’animation qui a conçu la campagne.
Elle illustre deux situations distinctes : l’une mettant en scène une fille, l’autre un garçon, tous deux dans leur chambre, confrontés à une violence explicite exercée par un membre de leur famille. Loin d’être un simple décor, la chambre, lieu censé être synonyme de sécurité, souligne par contraste la vulnérabilité des enfants face aux violences intrafamiliales.
Les décors des chambres ont été volontairement épurés, sans indiquer une appartenance sociale ou économique particulière. Ce parti pris rappelle que la maltraitance infantile ne se limite pas à un milieu spécifique, elle traverse toutes les classes sociales. Si ces visuels illustrent la violence physique et/ou sexuelle à travers les gestes de l’agresseur et le cadre de la chambre, ils englobent également toutes les formes de violence– psychologique, négligence, économique – qui peuvent enfermer un enfant dans une souffrance silencieuse.
L’élément central de cette campagne réside dans la bulle de dialogue qui entoure chaque enfant. Inspirée de l’univers de la bande dessinée, elle symbolise à la fois l’isolement imposé aux victimes de violences et l’urgence de briser le silence. Elle incarne l’action qui sauve : parler, agir, appeler. En faisant référence au 119, elle rappelle que celui-ci est une porte d’entrée vers le signalement et la mise à l’abri des enfants victimes.
Appeler le 119, c’est protéger. Ce n’est pas accuser, mais prévenir. Comme le rappelle la campagne du gouvernement : « Un enfant en danger, c’est l’affaire de tous. »
Chaque jour, les chiffres rappellent l’urgence d’agir : un enfant décède tous les cinq jours dans le cadre familial (rapport IGAS, 2019). Selon une enquête Toluna Harris (janvier 2025), 35 % des Français disent avoir déjà soupçonné ou été témoins de violences envers un enfant, mais 74 % avouent avoir des difficultés à identifier ces situations, et 53 % à les signaler.
Face à ce constat, le message est sans équivoque : stop à l’indifférence, stop au tabou. Il n’y a pas de « petites » violences, pas de « bons » silences. Protéger un enfant commence par un geste simple : appeler le 119.